@maison.mourcel

De l’ongle à l’œuvre d’art il n’y a qu’un pas. Depuis quelques années maintenant, le nail art devient un accessoire ornemental à part entière, avoir des ongles peints, longs et texturés est LA hype du xxie siècle. Grâce à cette frénésie des réseaux sociaux, le stylisme ongulaire – que l’on peut apercevoir sur toutes nos stars préférées – atteint des sommets et est devenu un des éléments indispensables d’une tenue complète gommant tout principe de genre et de style. Tu aimes, tu peins tes ongles point. Issu de la pop culture des années 2000, l’origine des ongles peints est un art ancestral puisant ses racines dans diverses mythologies. Autrefois, le vernis était le khôl, un vernis minéral, ensuite du henné, pour continuer vers une laque colorée que les Chinois employaient, pour terminer vers celui que nous connaissons tous.

Des récits théogoniques d’Hésiode aux dynasties impériales chinoises, les ongles voyagent, ils deviennent vecteur de statut social, d’identité genrée ou encore de self-care. Désormais, le nail art est devenu une tendance majeure dans une mise en beauté parfaite. Sur les pieds ou les mains, les griffes ne sont plus à délaisser mais à chérir. Sans compter le fait que désormais l’identité ongulaire ne se résume plus au sexe mais bien au style qui en découle. On a pu apercevoir A$ap Rocky, Kurt Cobain ou encore Virgil Abloh – pour n’en citer que quelques-uns -, arborer des ongles peints avec des outfits plus que qualitatifs. Bref, le nail art découle d’une déconstruction des genres où cette déstigmatisation des normes sociétales deviendrait un chemin vers une non-binarité.

@anthonyarquier
@yannweber

De notre côté, la France n’a plus à lorgner sur les états-Unis. Au-delà de cette « French manucure » – qui est, oui, bien américaine vue dans le cinéma des années 1970 – les Français développent un patrimoine ongulaire à part entière. Années 2000, style Alien, futuriste, simple, coloré, nous faisons notre propre chemin à travers cette voie ô combien prisée.   Parmi ces faiseurs de tendance nails, on retrouve Nailed by Inès, devenue l’une des figures incontournables, voire indispensables du nail tech parisien. Entre interview avec France Culture, projets avec le média Antidote ou encore collaboration avec la Fondation Cartier, Inès se fraye son chemin à travers la scène mondiale du nail art. Il était important pour nous d’avoir son ressenti sur cette popularisation de la hype.

@anthonyarquier

UNE VIE POUR L’ONGLE

À coups de pinceau et de catalyseur, Inès Ould Kaci, alias Nailed by Inès, modélise et peint le bout des doigts de ses clients. Son blase ne vous est peut-être pas inconnu, et pour cause, on peut retrouver ses créations authentiques et pleines de personnalités sur toutes les plateformes. Réseaux sociaux, magazines, pub, stars. Tout y passe. Pour Inès, le bout des ongles est une partie du corps à part entière, le définir et en prendre soin est donc une évidence. À travers eux, un voyage est entamé, une histoire est racontée. La capsule transparente n’est rien d’autre qu’un canevas n’attendant que le coup de pinceau du peintre. Tout est crescendo, le soin de l’ongle précédant la pose, la capsule, le dessin, la lampe UV. Méticuleuse et assidue, Inès s’apparente à la Niki de Saint Phalle des ongles. Rien que ça !

Entre graphismes soignés et grosse dose de Y2k, Inès entretient une relation particulière avec le nail art, sans quoi la vie n’aurait pas la même couleur.  Autodidacte, le nail art est devenu une thérapie salvatrice pour la jeune nail tech. Tout commence lorsqu’un grave problème de santé la frappe. Jonglant entre hospitalisation à domicile et en institut, ce fut un moyen de ne pas sombrer dans une perte d’identité.

« Le nail art m’a permis de retrouver un semblant de vie normale ».

Déjà fascinée par ces « petits pots en verre remplis d’une laque colorée », la passion est née d’une nécessité d’occupation du corps et de l’esprit pour se transformer en son métier à part entière. Un besoin crucial qui lui a permis de trouver une raison, une espérance que nous cherchons tous.

De là on en vient à se dire que le nail art ce n’est pas « que des ongles » mais un art à la fois salvateur, libérateur, protestataire/anti-conformiste, tout y est transcrit. L’aspect thérapeutique se retrouve dans les créations d’Inès : des ustensiles spécialisés pour ses soins sont utilisés, son vécu est sur tous ses ongles, qu’il soit sur le dessin peint ou sur la technique employée, ou les deux.

@nailedbyines
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MY SWEET NAILS

« Ce qui m’inspire, c’est surtout mon vécu ».

La jeune artiste née fin des années 1990 et début 2000 est une consommatrice et surtout une actrice de la culture Y2k. Entre Tamagotchi, tunning et Playboy à gogo, son choix d’inspiration est vaste. À travers ses créations, la nostalgie de cette période charnière est en gros plan. Sa direction artistique se trace dans un flashback de cette culture populaire qui a influencé la planète. Hits entêtants, émissions addictives et looks « tacky-chic » impossible de ne pas y trouver son bonheur. Cette influence de la mode des années 2000 a pris son essor depuis quelques années sur les réseaux sociaux – l’esthétisme sexy, mignon et haut en graphisme y perçoit tout son sens. La vibe MTV sur les dessins de ses ongles. On y voit des clins d’œil à Pokémon, Hello Kitty, la Game Boy et on en passe.  Au-delà de l’époque Paris Hilton, la nature et plus particulièrement le monde marin la fascine. Véritable nid iconographique, on peut voir la présence du mouvement des algues, la couleur des coraux et les motifs de certains poissons exotiques dans ses compositions.

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Au travers de ces structures, il y a un cheminement inspirationnel : on peut le voir sur son compte Instagram, Inès porte une vraie importance aux « moodboards ». Elle continue sa course vers l’ « hors dessin » à savoir les textures, la couleurs, les reliefs, les effets comme le blooming.« Un moodboard c’est une manière de retranscrire ce qui te passe par la tête visuellement, donner un aspect palpable. »

Sa direction artistique lui a valu beaucoup de reconnaissance et de distinction de la part du monde de la mode. De ça sont nées de multiples collaborations plus dingues les unes que les autres qui ne cessent de l’emmener de plus en plus loin dans des projets faramineux. Du bouche à oreille et du talent, le combo gagnant. « Je vis déjà actuellement un rêve, chaque nail que je fais, particulier, personnel ou professionnel, j’en suis très fière.

« L’art c’est international et ça ne possède pas de frontières. »

La jeunesse parisienne joue un rôle majeur dans l’élaboration de la culture nails en France et au-delà de cela, cette nouvelle génération influence le monde. C’est bien connu, Paris est l’épicentre de tout, les démarches qui ont été employées pour trouver un esthétisme propre à la culture française nous permettent d’être identifiable parmi la foule. XXL, kitsch, cute, vous n’avez pas fini de voir les nails d’Inès partout, au-delà d’un simple métier, un véritable message positif et rempli d’amour.

« Je cours après les sous, je suis absent

Plus tard, je pourrai crever l’abcès. » Ninho – Fendi.

En 2021, son à fond dans les oreilles, Inès se voyait au sommet, enchaîner les projets, faire entendre son histoire. En 2023, elle est appelée pour travailler avec Fendi dans le magazine CITIZENK. Comment ne pas être fière de son parcours, comment ne pas crier que nos régions ont du talent et comment ne pas revendiquer que cette jeunesse sera à jamais la plus créative ?

Prochain souhait pour Inès ? Elle nous confie que sa collaboration de rêve serait de travailler avec Zaho, une artiste qui l’a bercé toute son enfance.

« Mon plus gros projet c’est de propager l’art et l’amour partout où je passe. »

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