Block Party à la Spike Lee, expo culturelle à la gloire du hip-hop ou sneakers exhibition, Herbby est sans conteste le porte-étendard made in France de la culture hip-hop. Depuis l’aube de l’année 1989, il se positionne en avant-garde d’un mouvement socioculturel qui a résisté à l’épreuve du temps, s’épanouissant sur cinq décennies de révolutions musicales, artistiques et sociétales.

Le hip-hop, bien plus qu’une simple mélodie, est l’âme des rues, une pulsion créative d’urgence, une voix authentique qui parle à nos existences.

Herbby incarne cette essence bouillonnante, ayant dédié sa vie à célébrer et à étendre l’influence de ce mouvement audacieux. Au cœur de cette interview exclusive, il nous dévoile son parcours personnel et professionnel, nous entraînant dans les coulisses de l’industrie du hip-hop, de la mode streetwear et de l’art urbain. Il nous raconte comment il a contribué à mettre en lumière les 50 ans de cette culture vibrante, offrant une perspective unique sur l’impact culturel du hip-hop.

Une exploration captivante des racines et de l’avenir du hip-hop, à travers les yeux et les mots de Herbby, un véritable gardien de la flamme qui continue d’inspirer et de révolutionner une nouvelle génération. Une immersion dans l’art, la passion et la puissance incontestable du hip-hop, tout en découvrant comment Herbby continue de le porter au sommet de la culture contemporaine, en préservant son authenticité et sa créativité.

@cmichalet
@cmichalet

Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter et nous expliquer comment tu es entré dans la culture hip-hop.

Je m’appelle Herbby, je suis né à Basse-Terre en Guadeloupe en 1989. Je partage ma passion et mon savoir du Basketball, des Sneakers et de la Culture Hip-Hop en tant que Consultant, Organisateur/Intervenant évènementiel et Créateur de contenu indépendant. J’ai notamment co-designé la Nike Air Max 1 By You “Culture & Diversité” en 2020 et je rédige des articles pour le blog de la plateforme StockX.

Mes parents sont mélomanes et m’ont nommé Herbby par rapport au jazzman Herbie Hancock dont le titre Rockit de 1983 a mis en lumière les scratches des DJs Hip-Hop à l’échelle mondiale ! Je pense que c’est grâce à eux, notamment aux influences culturelles et musicales de ma Mère, que je suis entré dans le Hip-Hop.

 

Tu as contribué à mettre en lumière l’impact culturel du hip-hop notamment sur le DRP Festival. Peux-tu nous parler de l’exposition « Les 50 ans du Hip- Hop » sur le DRP Festival et en quoi était-elle différente avec notamment la présence de Michel Haddi et Jules Renault ?

En tant que passionné de Culture Hip-Hop, l’exposition “HIP-HOP 50” est un projet qui me tient à coeur et je suis ravi d’avoir pu le réaliser au DRP Festival 2023. Le concept était de retracer les 50 ans du mouvement à travers une sélection de 50 pièces inédites de ma collection personnelle : des sneakers, des albums dédicacés par des icônes de la culture, des livres de référence, des DVDs de films, documentaires et séries cultes, des magazines… Le tout, présenté sous une direction artistique développée par mes soins et complété par une expo photo de clichés phares de Michel Haddi et Jules Renault. Je remercie d’ailleurs la galerie ODBR pour la collaboration sur l’expo photo.

Mes objets de collection associés aux univers visuels de Michel Haddi et Jules Renault ont permis aux visiteurs de l’exposition “HIP-HOP 50”, et plus globalement du DRP Festival, de vivre une expérience authentique, immersive et unique. J’ajoute d’ailleurs une mention spéciale pour le speaker Le Boug Arknow qui a renforcé la notion d’authenticité grâce à son accueil chaleureux et sa maîtrise de la Culture Hip-Hop !

@jjyuyake

En tant que consultant et rédacteur pour StockX, tu es au cœur du marché de la culture streetwear. Comment perçois-tu l’intersection entre la mode et le hip-hop, et quelles tendances as-tu observées dans ce domaine ces dernières années ?

Le style fait pleinement partie de la Culture Hip-Hop et depuis plusieurs années maintenant, la mode utilise les codes et les éléments du Hip-Hop dans des collections, des campagnes marketing, des évènements etc. Un des points positifs est la mise en valeur de la richesse du Hip-Hop en termes de style, d’influences et de créativité. À l’inverse, deux points négatifs sont l’appropriation culturelle qui découle de l’opportunisme d’acteurs du monde de la mode car le Hip-Hop attire et vend, et le manque d’authenticité fréquent de cette intersection entre la mode et le Hip-Hop.

Une des plus grosses tendances de ces dernières années sont les collaborations entre les grands noms de la mode et les artistes les plus influents de la Culture : Pharrell Williams, Kanye West, Virgil Abloh, Rihanna, A$AP Rocky, Aya Nakamura… Ces collaborations sont passées de collections affiliées à un artiste à des postes de Directeur Artistique ou encore Directeur Créatif donc on voit bien l’évolution de cette intersection entre la mode et le Hip-Hop et le fait que les artistes Hip-Hop sont devenus leur propre marque.

 

Le hip-hop est souvent considéré comme un reflet de la réalité sociale et politique. Comment vois-tu le rôle du hip-hop en tant que vecteur de changement social et comment cela s’est-il manifesté dans ton travail ?

Pour moi, le Hip-Hop est un mouvement social créatif. Grâce à cette culture née dans les années 70 dans le Bronx, d’innombrables individualités et collectifs créatifs sont parvenus à améliorer leur quotidien et celui de leur entourage, atteindre voire surpasser des objectifs personnels et professionnels, générer des ressources dans une dynamique entrepreneuriale et in fine, impacter le monde ! C’est vraiment ce que je trouve incroyable avec le Hip-Hop et c’est pourquoi j’ai fait en sorte de mettre en lumière cette richesse culturelle et cette diversité à travers l’exposition “HIP-HOP 50”. Les visiteurs ont pu contempler des baskets Jordan x Quai 54 du World Streetball Championship fondé par deux français d’origine africaine issus du Hip-Hop, tout comme l’album 4:44 dédicacé par JAY-Z, le premier artiste Hip-Hop milliardaire, ou encore le livre Les Liens Sacrés de Manu Key qui est le Fondateur de la Mafia K’1 Fry.

 

Tu as eu l’opportunité de travailler avec des artistes et des créateurs dans l’industrie du hip-hop. Y a-t-il une rencontre ou une collaboration qui a laissé une impression indélébile sur toi, et si oui, en quoi cela a-t-il influencé ta propre perspective sur le hip-hop ?

Je suis un grand fan du travail et de l’engagement du réalisateur de Brooklyn, Spike Lee, et j’ai eu l’opportunité d’échanger avec lui à deux reprises. La première fois, j’ai été à sa Block Party “Brooklyn Loves Michael Jackson” en août 2016, au niveau de la Do The Right Thing Way, où il a réalisé son film éponyme sorti en 1989. Notre échange fût court : j’ai acheté une casquette Malcolm X sur place et j’ai pu lui faire signer dans la foulée. J’ai surtout kiffé et été inspiré par l’évènement : le fait de célébrer l’icône qu’est Michael Jackson, dans son propre quartier, en plein air, avec des animations pour tout public, des performances d’artistes et le tout, gratuit. Du coup, l’année suivante, j’ai lancé mon concept de Block Party à Noisiel, dans la ville où j’ai grandi, autour de mes passions que sont le Basketball, les Sneakers, le Hip-Hop et l’Art.

Fast forward, en juin 2020, j’ai eu l’opportunité de participer à un live avec Spike Lee et de lui partager le fait que sa Block Party m’a inspiré à créer la mienne. Cet échange est vraiment mémorable, sachant qu’il m’a coupé dans ma lancée en voyant toutes les boîtes de baskets Nike derrière moi…

 

Dans les années 80, les marques de luxe n’auraient jamais donné des vêtements à la communauté hip-hop et depuis des années maintenant il y a une conformisation entre les maisons de Haute Couture et le hip-hop. Comment perçois-tu ce changement ? Serait-ce un échange de visibilité mutuel pour toucher un plus large public ou peut-on parler d’exploitation d’image ?

Je rebondis sur une de mes réponses précédentes et pour moi, un grand nombre de maisons Haute Couture exploitent l’image, les codes et surtout l’influence des acteurs majeurs de la Culture Hip-Hop à des fins pécuniaires. Et en effet, comme tu le dis dans la question, les artistes Hip-Hop bénéficient de la notoriété et de la visibilité de ces marques, ce qui leur permet de toucher un plus large public et de se créer de nouvelles opportunités.

@cmichalet
@cmichalet

En regardant en arrière sur ces cinquante ans de hip-hop, quel moment ou artiste considères-tu comme une pierre angulaire dans l’histoire de ce mouvement et de quelle manière t’a-t-il influencé ?

Nas est un artiste qui m’inspire beaucoup de par sa musique, ses qualités d’écriture et son amour pour la Culture Hip-Hop. Pour commencer, je considère que son premier album Illmatic est le meilleur album Hip-Hop de l’Histoire et un des meilleurs albums de musique tout genre confondu. Ensuite, lyricalement, il mentionne constamment des références au mouvement, que ce soit d’autres artistes, des prédécesseurs et des successeurs qui l’inspirent, des films, des paires de baskets, des athlètes, des jeux vidéos… Et pour finir, c’est lui qui a organisé la célébration des 50 ans du Hip-Hop le 11 août 2023 au Yankee Stadium, dans le Bronx, où tout a commencé !

 

Le hip-hop a un pouvoir transcendant et peut rassembler des personnes de différentes cultures et horizons. Peux-tu nous partager une expérience où tu as vu le hip-hop jouer ce rôle unificateur ?

L’unité est l’essence même de la Culture Hip-Hop, d’où le slogan “Peace, Love, Unity and Having Fun” de la Zulu Nation. Je retrouve cette dimension fédératrice à chacun de mes projets et évènements en lien avec le mouvement, en France comme à l’étranger. Je suis toujours surpris de voir toutes les personnes intéressées et/ou actives au sein de cette culture, peu importe leur background, leur personnalité et plus globalement, leur identité. Au final, une fois qu’on commence à échanger, on se rend compte rapidement à quel point on a des points communs : des artistes qui nous touchent, des albums qu’on a écoutés en boucle, des objets qu’on a eus…

 

Alors que nous célébrons les cinquante ans du hip-hop, quel message aimerais-tu transmettre à la nouvelle génération de passionnés qui continueront à façonner l’avenir de ce mouvement ?

Le message que j’aimerais transmettre à la nouvelle génération de passionnés est de continuer d’œuvrer pour la Culture avec amour, authenticité, créativité et unité.

 

Qu’est-ce qu’il te reste à cocher dans ta liste de choses à réaliser ?

Beaucoup de choses ! J’aime développer des projets, j’aime écrire, j’aime organiser des événements, j’aime partager mes passions… Ma liste de choses à réaliser s’allonge de jour en jour mais j’ai confiance en la vie donc je ferai ce que j’ai en tête en temps voulu. Restez connecté.e.s !

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