Culture
27/03/2023
Lolita Mang
Si vous vous êtes déjà rendus au Floréal, ce bar/restaurant/galerie d’art dans le quartier de Belleville à Paris, vous y avez déjà sûrement déjà croisé Calixte. On l’appellera Cali, tout le monde le fait. Ses ami·es, ses parents, ses proches : tout le monde. Il faut y voir un certain amour pour la côte californienne, enfin surtout, pour ce qui vient avec : l’éternel été, le soleil qui brille toute l’année, l’odeur des palmiers. Pour les palmiers, on repassera, mais Belleville peut avoir quelque chose de la Californie, avec son parc à la vue imprenable sur Paris. À son pied, le Floréal accueille en mai 2022 la toute première exposition personnelle de Cali, porte d’entrée idéale dans son monde coloré et multiple, teinté de sa culture franco-camerounaise.
Enfant, Cali partage son temps entre les dessins animés et les bandes dessinées, qu’elle dévore. S’il ne fallait en retenir qu’une ? Aya De Yopougon, de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie. « J’ai grandi avec, et le tome 7 vient tout juste de sortir après une longue pause. Je ne l’ai pas encore lu, je préfère relire tous les autres avant » confesse-t-elle avec un sourire, se taxant elle-même d’hystérique. Hystérique, peut-être, obsessionnelle, assurément. On le remarque en défilant sur son compte Instagram, croisant des plans de films indépendants reproduits avec son style si particulier, de Fish Tank (Andrea Arnold, 2009) aux long-métrages du réalisateur et photographe américain Larry Clark. Adolescente, Cali délaisse en effet les dessins animés pour les films obscurs qui l’accompagnent dans ses questionnements identitaires. Sans pour autant abandonner les récits ancrés dans le réel : « La science-fiction ne m’attire pas du tout. Au contraire, j’adore quand on est dans la vraie vie ».
“J’adore dessiner les portraits pour mettre les gens en avant. J’ai l’impression de rencontrer un peu la personne en la représentant en pleine activité, en train de faire ce qu’elle aime”
Un attrait que l’on retrouve dans ses œuvres, qui témoignent de son amour pour les autres. Le confinement en est un bel exemple. Coincée chez sa mère à Créteil, Cali s’ennuie. Elle réfléchit, beaucoup, puis lance un appel en ligne, sur Instagram, afin que les gens lui envoient des portraits d’eux, qu’elle pourrait reproduire tels quels. « J’adore dessiner les portraits pour mettre les gens en avant. J’ai l’impression de rencontrer un peu la personne en la représentant en pleine activité, en train de faire ce qu’elle aime. J’ai beaucoup croqué dans le métro par exemple, pendant mes études ». Ses études, parlons-en justement. Pendant longtemps, Cali se cherche. Au lycée, elle délaisse un temps le dessin qui l’animait autrefois. Pas un instant, elle imagine pouvoir vivre de sa passion : « Ma tête était remplie de clichés sur la vie d’artiste » se souvient-elle. Dans un premier temps, elle s’imagine devenir architecte, avant de terminer en fac d’arts plastiques, une expérience qui ne lui convient pas du tout. Finalement, Cali quitte la fac pour une école, suivie d’une formation de bande dessinée.
Quand on lui demande de nous décrire son projet de rêve, c’est bien la première chose qui ressort : réaliser une bande dessinée, en contrôlant le processus artistique de A à Z. Elle est même plutôt bien avancée : « J’ai un thème qui est fixe depuis bien quatre ans » assure-t-elle dans un sourire. Le thème en question ? La vie de sa mère, née au Cameroun et venue vivre en France à l’âge de 17 ans. « Je ressens le besoin de raconter ce qu’elle me confie par le dessin. Je bois tout ce qu’elle me dit, ça m’inspire ! Pour l’instant, je le fais avant tout pour nous deux » explique Cali. Chanceuse, elle l’est assurément de compter sa mère parmi les personnages les plus proches d’elle. Car ce sont bien des personnages qui gravitent autour de l’artiste. Des personnalités aux caractères doux ou fort, aux activités passionnantes, qui sont une source d’inspiration infinie pour la jeune femme de Belleville. « J’adore créer des personnages. Tout contrôler, de l’âge à la couleur des cheveux. J’ai beaucoup joué aux Sims ! » s’amuse-t-elle. Aujourd’hui, on a plus de chances de croiser Cali sur un terrain de foot que devant les Sims. Chaque dimanche, elle rejoint l’équipe du Gadji FC, composée en majeure partie d’artistes, et fondée par la peintre Gaadjika. Peut-être pourrez-vous l’apercevoir en train de croquer, qui sait ?
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