Design
15/06/2022
Guillaume Le Goff
Impossible de faire l’impasse sur WWWESH STUDIO™. Connu comme le loup blanc à Paris et ailleurs, le studio créé en 2017 est la synthèse parfaite du cool, du moderne et du beau. Leur fraîcheur et leur audace enthousiasment encore et toujours plus. Consulter leur site, les suivre sur les réeseaux et mieux, voir leur travail en « vrai » (visuels d’artistes, campagnes, directions artistiques…) peut vite devenir une addiction… Des réalisations pour des marques de premier plan (Nike, EA Sports, Ruinart, Ambush…), des collaborations avec des artistes novateurs (Rad Cartier…), avec un club comme le Red Star, ou de la scenography design (Lacoste x Bleu Mode, Views x On-Running…), et tellement plus, WWWESH STUDIO™ continue plus que jamais à multiplier les projets créatifs remarquables, et remarqués.
Rencontre avec Antoine Jourdan et Pierrick Sancé, les deux fondateurs et creative directors.
Avez-vous une stratégie éditoriale dans le choix de ces projets, et si oui comment la définissez-vous ?
La seule stratégie, c’est de prendre du plaisir, de relever des défis et de constamment se renouveler. C’est fou, mais cela va faire cinq ans qu’on a lancé le studio et jusqu’ici on a jamais vraiment démarché de clients, tout a été très organique. On aime aussi bien surprendre là où l’on ne nous attend pas.
Comment est réparti le travail dans le studio ?
Nous nous répartissons les tâches selon les projets et le temps à fournir dessus. La préparation de chaque projet prend beaucoup de temps, il faut bien s’organiser en amont. Avant, nous n’étions que deux pour fournir tout ce travail, c’était compliqué de tout gérer à la fois. À présent, avec la progression du studio, nous avons monté une équipe que nous avons formée. Ils ont tous un talent qui les différencie. C’était vraiment très important pour nous, de travailler avec des gens solides, passionnés et qui veulent progresser. Nous avons tous à apprendre les uns des autres à notre échelle, c’est une synergie collective, nous avons le même but en finalité.
Selon vous, quelles sont les clés pour mener tous ces projets à bien ?
Il faut de la continuité, de la passion et de la rigueur. Parfois, les gens, d’un œil extérieur, voient en priorité le résultat d’un projet. Mais un projet, c’est semé d’embûches : il faut être patient et savoir rebondir à tout moment. Au-delà d’être créatifs, nous avons appris à être entrepreneurs, gérer une équipe et être organisés. Nous connaissons les points forts chez chacun d’entre nous afin d’avancer de la meilleure des manières. Bien sûr, il y a des doutes car cela demande énormément de sacrifices mais cela fait partie du challenge. C’est comme la vie d’un grand sportif, tu dois suivre un certain train de vie afin d’arriver à tes objectifs.
Parlez-nous un peu de studio93 : comment est né ce projet, quel est son concept et quelles ambitions avez-vous pour la marque ?
Studio93, c’est un label créatif et un laboratoire de recherche et d’expérimentations. On développe des produits et des concepts en éditions limités. On ne se limite pas à créer des collections de vêtements et de suivre le calendrier de la mode. L’idée est encore une fois de s’amuser et d’augmenter nos supports d’expressions. On aborde chaque collection capsule qu’on nomme SÉRIE autour d’un thème et un concept qu’on pousse à fond et les HORS SÉRIE quand on collabore avec des marques ou des artistes. Parfois, on travaille une collection de vêtements très expérimentaux autour du feu et on vient utiliser de la poudre à canon de la Seconde Guerre mondiale pour brûler du tissu et créer des camouflages grâce à la combustion.
Au sujet de studio93 : bientôt de nouveaux drops ou collabs à venir ?
Il y a pas mal de projets dans le pipeline, mais il faut qu’on trouve le temps de bien les développer. On est assez exigeant et on ne souhaite pas créer une abondance de projets, mais être plus sur un positionnement qualitatif et exclusif.
On écoute quoi en ce moment au bureau chez WWWESH STUDIO™ ?
En ce moment, on écoute le projet de Nigo, Nessbeal et du Jul of course ! Mais généralement tout le monde passe sa playlist et on découvre des pépites. La musique permet d’influencer notre créativité, selon la musique qui passe, on peut changer totalement notre façon de travailler. On a la chance d’avoir parfois des exclus de nos potes ou bien des personnes avec qui nous travaillons.
En quoi la street culture est devenue la nouvelle culture contemporaine selon vous, comment voyez-vous ce phénomène à votre niveau ?
Il y a 5 ans, on a créé WWWESH STUDIO™ en partant du constat qu’on souhaitait, comme tatoué sur notre front la culture, imposer et revendiquer à travers notre travail et notre vision. Trop de fois obligé de se la jouer « Caméléon » pour faire plaisir et s’intégrer, on a pris mot pour mot Booba qui disait « Si t’aimes pas, t’écoutes pas et puis c’est tout ». On a vu notre culture évoluer et s’imposer dans la société, ainsi que chez les grandes marques, en même temps que nous. À la manière de FUBU (for us by us).
Que diriez-vous sur l’énergie et la créativité ambiante à Paris en ce moment, comment trouvez-vous que cela évolue ?
À Paris, comme en banlieue, il y a une énergie particulière au niveau de la créativité. Paris est une petite ville où tout le monde se connaît plus ou moins, mais elle est très concentrée. C’est un grand melting-pot, d’un arrondissement à un autre, tu changes totalement d’ambiance. C’est très inspirant. C’est une grande métropole qui fait rêver autant qu’on peut la détester pour x raisons. Elle a cette particularité de rassembler, que ça soit pour le travail, la beauté de la ville ou bien la culture. Elle permet de faire émerger des gens talentueux qui en veulent. C’est une ville qui peut être étouffante, ce n’est pas forcément des paysages qui te donnent un coup de fouet, c’est pour cela que les Parisiens s’évadent et créent d’une autre manière. L’esprit est plus large et universel.
À vos yeux, qui ou quoi représentent ce nouveau juice créatif qui résonne dans la Capitale (et en banlieue) en amenant un vent frais ?
Ce sont principalement nos potes qui gravitent dans le monde de la musique tels que Ratus, OG L’Enf, Rad Cartier et le duo de réalisateurs Rosemary. Des monstres !
QUI POURRAIT TE PLAIRE
“Mais c’est ton vrai nom Jimbo ? ”